Depuis une quinzaine d’années, Marie-Claude Reboul, André Reboul et Eric Barjot, membres actifs de la section Afrique du Sou des écoles de Dargoire et Tartaras, se rendent régulièrement au Mali, pour le suivi du jumelage du village de Ouolodo, sous l’égide de LACIM (Les Amis d'un Coin de l'Inde et du Monde). Ils passent alors par le Burkina Faso, où ils comptent de nombreux et chers amis : Laurent et Djeneba Guiré, Helène et Elie Taminy, Pierre Kahoun, Yazon Boué et tant d’autres. L’envie de s’engager pour le « pays des hommes intègres » a toujours été, pour eux trois, en gestation mais LACIM ne le souhaite pas. En 2000, après l’arrêt de la section Afrique du Sou et suite à une rupture d’engagement avec LACIM, Marie-Claude, André et Eric, dégagés de leur collaboration avec cette structure, sont désormais libres de leurs choix et libres de développer un nouveau projet avec leurs amis du Burkina.
La famille Zerbo
Pour parler de l’origine d’une Goutte d’eau au Faso, il faut remonter encore le temps et parler d’un homme de Kota : Tombara Zerbo. Tombara quitte son village, enrôlé par l’armée française dans les années 60, lors de la guerre d’Algérie. De retour au pays, parlant français, il est embauché par les missionnaires catholiques pour servir d’infirmier interprète dans un poste sanitaire tenu par des sœurs blanches, à Zaba, à une quinzaine de kilomètres de Kota et Koussiba. N’étant pas encore marié, il emmène avec lui, pour les faire alphabétiser, deux enfants de Kota : Jospeh Zerbo, un de ses neveux qui deviendra prêtre, et Jacques Coulibaly qui deviendra conseiller pédagogique dans l’enseignement Burkinabè. Puis Tombara se marie avec une femme originaire de Koussiba et a huit enfants. L’un d’eux, Prosper Zerbo, est envoyé à l’école de Tionkuy, près de Dédougou, au même moment où Eric est coopérant professeur de mathématiques, entre 1974 et 1976.
Prosper devient ensuite chorégraphe du groupe Saaba de Koudougou, qui vient régulièrement à Saint-Jean-de-Touslas. C’est ainsi que sa route croise à nouveau celle d’Eric, près de 25 ans plus tard. Prosper est à l’origine de la création d’une Goutte d’eau au Faso.
Lors d’un repas à l’Auberge Laffont à Dargoire, Prosper demande de l’aide pour mettre en place des projets de développement à Kota et Koussiba, ses villages d’origine.
Lors d’un repas à l’Auberge Laffont à Dargoire, Prosper demande de l’aide pour mettre en place des projets de développement à Kota et Koussiba, ses villages d’origine.
Marie-Claude, André, Yvette et Eric décident ce jour-là de créer une association humanitaire à Dargoire. Suivi d’une poignée de copains et quelques habitants des villages de Dargoire et Tartaras, ils se lancent ainsi dans l’aventure Burkinabè.
Création de l’association en décembre 2000
Une Goutte d’eau au Faso, association humanitaire loi 1901, est répertoriée à la Préfecture de la Loire en décembre 2000. Son siège social : l’Auberge Laffont. Bureau de l’association :
Président : Eric Barjot
Secrétaire : Christiane Zemlik
Trésorier : André Reboul
Les choix de départ, qui sont toujours à la base de notre fonctionnement : - Ne pas adhérer à une ONG ayant pignon sur rue afin de rester modestes et indépendants, - limiter au maximum les dépenses de fonctionnement en restituant entièrement les fonds collectés, - établir un véritable travail de proximité avec nos jumeaux Burkinabè.
Nous ne sommes pas là pour leur imposer nos façons mais pour échanger, aider et partager. Il est donc important qu’un groupement de villageois se mette en place dans les villages de Kota et Koussiba, pour que toutes les décisions concernant les projets soient prises en collaboration avec eux. La barrière de la langue est toutefois problématique pour atteindre cet objectif, puisqu’il n’y a pas de lettrés ou de francophones sur les villages. Sur les conseils de Prosper Zerbo, nous demandons à Ernest Zante de Zaba de nous servir de traducteur et correspondant local de l’association. Depuis le début, il est notre collaborateur sur place, élément essentiel de notre travail avec les deux villages et leurs habitants.
Kota et Koussiba : deux villages déshérités de l’Afrique sahélienne
Proches de la petite ville de Tougan, dans la boucle du Mouhoun, Kota compte alors près de 1000 habitants et Koussiba 500. Kota est composé essentiellement de 4 grandes familles, toutes de l’ethnie Marka : les Zerbo, les Coulibaly, les Dembelle et les Djibo. La religion majoritaire, qui était l’animisme, se voit dépassée par l’Islam.
En 2000, les deux villages Burkinabè ne sont pourvus d’aucune infrastructure sanitaire ou éducative. Il n’y a pas d’eau courante, pas d’électricité, pas d’agriculture mécanisée et ils sont éloignés de toute piste goudronnée. La grande difficulté pour leur développement provient en partie du fait qu’il n’y a pas d’école sur place, donc aucun enfant lettré. Les groupes scolaires les plus proches ne sont déjà pas suffisants pour les enfants des lieux où ils sont implantés, donc dans l’incapacité d’accepter des écoliers venant d’ailleurs. Le premier souhait des villageois est la construction d’une école. C’est aussi le nôtre mais nous n’avons pas les moyens financiers pour le concrétiser. Ce projet sera notre principal objectif.
Mais dans un premier temps, l’urgence est de creuser des puits car, en saison sèche, les puits traditionnels sont taris et femmes et fillettes doivent parcourir des kilomètres pour aller chercher l’eau au fleuve.
La recherche de fonds
Pour réaliser des projets, il faut acquérir des fonds.
Une Goutte d’eau au Faso a des adhérents, des donateurs occasionnels, des apports lors de décès ou de mariages à Dargoire ou Tartaras.
L’association mise aussi et surtout sur des soirées culturelles, organisées le plus souvent dans les locaux de l’Auberge Laffont, qu’Yvette met gracieusement à notre disposition. Ces manifestations auront un double effet : faire connaître l’association et engranger des bénéfices pour aider à des réalisations de premières nécessité à Kota et Koussiba, tout en redonnant vie au village de Dargoire en proposant des soirées chaleureuses et de bonne qualité artistique.